Les dés sont jetés : Donald Trump sera le nouveau président des États-Unis d’Amérique. Les conséquences géopolitiques de ces élections peuvent secouer fortement l’économie mondiale.

Notre pays, dont l’économie ouverte dépend à 80% des exportations, ressentira directement l’impact du choix qu’ont fait les Américains. Quelles sont les conséquences possibles de cette élection pour l’économie mondiale et pour les entreprises belges ?

Relations commerciales

Hillary Clinton comme Donald Trump se sont prononcés en faveur de nombreuses mesures protectionnistes pour renforcer l’économie américaine. À court terme, cette option peut sembler attractive pour des raisons politiques internes, mais les conséquences économiques d’une telle décision seraient tout simplement désastreuses. Une fois de plus, on n’aurait pas tiré les leçons des erreurs du passé.

Au début des années ’30, à la suite de la grave crise économique et financière et de l’éclatement d’une bulle boursière et immobilière, on a développé l’idée de protéger les secteurs industriels nationaux et le secteur agricole de la concurrence étrangère par l’augmentation sensible des taxes à l’importation. Le Smoot-Hawley Tariff Act a emporté la majorité au Congrès et le président Hoover ne s’y est pas opposé. Le résultat fut désastreux pour l’économie mondiale : le commerce mondial global a régressé de 66% entre 1929 et 1934.

Une politique protectionniste serait aussi très néfaste pour notre pays et nos entreprises : 1 emploi belge sur 6 est la conséquence de l’exportation.

Dollar versus euro

La psychologie de l’être humain a un effet direct sur le fonctionnement de la bourse : les investisseurs préfèrent en effet la sécurité et la prévisibilité. L’élection de Donald Trump pourrait affaiblir le dollar face à l’euro. Quoi qu’il en soit, un éventuel affaiblissement du dollar entraînerait une certaine incertitude économique, avec un climat boursier moins favorable et un recul des investissements étrangers. Pour l’industrie belge, cette évolution serait encore plus gênante que la baisse récente de la livre à la suite du Brexit. En effet, nombre de nos concurrents, y compris en dehors des USA, font leurs transactions en dollar. Un dollar plus faible rend donc ces producteurs plus compétitifs.

Prix pétroliers

L’incertitude économique ou les grandes fluctuations boursières ont généralement un effet indirect sur les marchés pétroliers, mais les tensions géopolitiques plus encore. Ainsi, une insécurité géopolitique au Moyen-Orient, où on a suivi les élections américaines avec défiance, peut entraîner une augmentation des prix pétroliers. Par le jeu du système belge d’indexation automatique, celle-ci aurait un impact direct sur la compétitivité de nos entreprises.

TTIP

Un accord commercial ambitieux et équilibré entre l’Union européenne et les USA doit aboutir à des échanges commerciaux moins onéreux (par la réduction/suppression des entraves tarifaires) et plus efficaces (par la suppression des entraves non tarifaires et la collaboration réglementaire) et à de nouvelles opportunités (comme l’accès européen aux marchés publics pour les dragueurs ou les producteurs de textile technique pour les pompiers). De tels accords de libre-échange représentent une plus-value pour l’économie belge. La question est toutefois de savoir comment Donald Trump va se positionner dans ce dossier très important pour nous au cours des mois et années à venir. Par ailleurs, on ne sait pas encore quel sera le positionnement de l’Europe après la saga des dernières semaines sur l’accord CETA.

Le revers de la médaille

Un président ne réagit pas seul. Il hérite de la situation économique de son prédécesseur, doit tenir compte de la position du Congrès et de la Cour suprême et doit constituer son gouvernement. Quelques éléments.

Le marché américain vit aussi de l’exportation et donc de la vente de ses produits en dehors des USA. L’Europe compte 500 millions de consommateurs et les USA 350 millions. Mener une politique protectionniste équivaudrait pour les USA à se tirer dans le pied. Par ailleurs, Trump va devoir s’entourer de nouveaux ministres des Affaires étrangères, des Finances et du Commerce. Leur attitude colorera aussi les relations politiques et économiques entre les USA et l’Europe.

‘The proof of the pudding is in the eating’, dit le dicton. Quoi qu’il en soit, le visage du monde changera au cours des prochains mois. Les échanges commerciaux sont intemporels et sont et restent le moteur de la prospérité. Mais leur nature va changer : nous devons nous y préparer.

Source: FEB