Dans le scénario d’un Brexit dur, c’est au Royaume-Uni que la perte d’emplois sera la plus massive, mais la Belgique risque elle aussi de voir disparaître jusqu’à 42.000 emplois. Telle est la conclusion à laquelle sont parvenus les économistes louvanistes Hylke Vandenbussche, William Connell et Wouter Simons au terme d’une nouvelle étude dans le cadre de la série « Leuvense Economische Standpunten ».
Deux scénarios possibles
Les négociations sur le Brexit sont en cours mais leur résultat recèle encore de nombreuses incertitudes. Le risque est réel que le Brexit entraîne un relèvement des droits de douane et par conséquent une diminution du commerce entre l’UE et le RU. Les économistes de la KU Leuven ont voulu mesurer quelle serait l’ampleur de la baisse des exportations et des pertes d’emplois qui en résulteraient.
C’est précisément l’incertitude planant sur le résultat du Brexit confère leur importance aux hypothèses sur lesquelles repose l’étude. Les économistes ont comparé deux scénarios différents : un Brexit « doux » et un Brexit « dur ».
Dans le scénario d’un Brexit doux, les tarifs douaniers entre le Royaume-Uni et les 27 resteraient nuls mais il existerait des obstacles non-tarifaires aux échanges commerciaux, comme c’est le cas actuellement avec un pays comme la Norvège.
Dans le scénario d’un Brexit « dur », des droits de douane seraient réinstaurés au niveau prévu dans le cadre des accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). De tels droits existent par exemple pour les échanges commerciaux entre l’UE et les États-Unis.
Des pertes variables
En cas de divorce entre le RU et l’UE, 42.000 personnes pourraient perdre leur emploi dans notre pays. Dans ce cas, la Belgique enregistrerait un recul du PIB pouvant atteindre 2,53%. Compte tenu de la structure en réseau de l’économie belge, c’est l’industrie alimentaire qui serait la plus touchée. Même dans l’hypothèse d’un Brexit doux, notre pays enregistrerait quelque 10.000 pertes d’emplois.
Les économistes louvanistes évaluent l’ampleur des destructions d’emplois dans un Brexit « doux » et « dur » pour les 27 de l’UE à respectivement 284.000 et 1,2 million d’emplois, alors que le PIB baisserait quant à lui de 0,38 à 1,54%.
Ce sont cependant les Britanniques eux-mêmes qui payeront le plus lourd tribut : les pertes d’emplois iraient de 140.000 à 526.000 unités, sans compter que le PIB pourrait se contracter de 1,21 à 4,47%.
La Belgique fortement touchée
Même si, en termes relatifs, le contrecoup du Brexit sera beaucoup plus lourd pour le RU que pour les Etats membres de l’UE, l’impact pour le continent européen sera loin d’être négligeable.
En chiffres absolus, les grands pays européens comme l’Allemagne seront les plus lourdement frappés mais, la Belgique fait partie (au même titre que l’Irlande, Malte et les Pays-Bas) des pays européens au niveau commercial modeste les plus touchés en termes relatifs. La raison : la Belgique a des liens historiques avec le RU et fait partie des économies les plus ouvertes au sein de l’UE.
Un angle de vue unique
Cette étude ne sera certainement pas la dernière consacrée à l’impact du Brexit, mais son angle d’approche serait assez unique.
Les économistes se sont non seulement penchés sur l’impact que le Brexit aurait sur les échanges commerciaux directs avec le RU mais ils ont également tenu compte dans leurs calculs des exportations indirectes vers ce pays. La Belgique exporte par exemple de l’acier belge vers l’Allemagne pour la fabrication de voitures allemandes qui sont ensuite exportées vers le RU. Un autre exemple : si un constructeur automobile allemand assure ses véhicules en Belgique pour les transporter vers le RU, un Brexit dur pourra aussi affecter l’emploi de l’assureur belge.
En savoir plus ?
Pour connaître les éléments fondant les conclusions des économistes de la KU Leuven, n’hésitez pas à consulter l’intégralité de l’étude (néerlandophone).
Source: Febelfin