Dimitri Pelckmans (Atradius) : « L’impact de la crise dans le secteur de la construction se poursuit ».
Le nombre de factures payées en retard en Belgique a augmenté en 2021, selon une nouvelle étude de l’assureur-crédit Atradius. Celui-ci a examiné le comportement de paiement des entreprises belges dans les secteurs de l’agroalimentaire, des biens de consommation durables et des matériaux de construction. Les délais de paiement varient considérablement d’un secteur à l’autre : avec plus de 6 factures sur 10 payées en retard, le secteur des matériaux de construction est de loin le plus touché par la prolongation des délais de paiement. Une augmentation de pas moins de 56 % par rapport à 2020.
Une nouvelle étude de l’assureur-crédit Atradius montre que les retards de paiement ont été plus nombreux cette année qu’en 2020. L’étude portait sur trois secteurs : l’agroalimentaire, les biens de consommation durables et les matériaux de construction. Alors que 47% de toutes les factures au sein de ces secteurs étaient en retard en 2020, le chiffre de cette année est passé à 51%. Cela signifie que la proportion de factures payées en retard a augmenté de près d’un dixième en un an (+8,5%).
Le secteur des matériaux de construction est le plus touché par les retards de paiement
Il convient de noter que la proportion de factures payées en retard varie considérablement d’un secteur à l’autre. Celle du secteur des matériaux de construction, en particulier, a connu une forte hausse. En 2021, 64 % des factures du secteur ont été payées en retard. Ce chiffre était de 41 % en 2020, soit une augmentation de plus de la moitié (56 %).
Dimitri Pelckmans, Head of Risk Services BeLux chez Atradius : « Alors que dans d’autres secteurs, la proportion de factures en retard est restée plus ou moins constante, nous avons constaté une très forte augmentation dans le secteur des matériaux de construction. L’impact de la crise dans le secteur de la construction se poursuit manifestement. Le secteur des matériaux de construction a souffert d’un certain nombre de difficultés économiques : les chantiers sont à l’arrêt depuis longtemps, le marché du travail est tendu et les chaînes d’approvisionnement ont également été gravement perturbées.”
Les entreprises belges de matériaux de construction ont donc eu de nombreux problèmes de retard de paiement l’année dernière. Seuls 19% de la valeur totale des factures ont été payés à temps en 2021, contre 51% l’année dernière. En outre, les annulations ont plus que doublé par rapport à l’année dernière, pour atteindre le chiffre vertigineux de 17 % de la valeur totale des factures, contre 8 % en 2020. Cela représente une perte énorme pour l’industrie.
La forte augmentation du nombre de factures en retard dans le secteur des matériaux de construction a également un impact sur le temps et les ressources que les entreprises doivent consacrer au recouvrement des factures impayées. 52 % des entreprises ont déclaré qu’elles devaient consacrer plus de temps et de ressources au recouvrement des factures impayées, soit beaucoup plus que les 15 % de l’année dernière. 41 % des entreprises du secteur ont également déclaré qu’elles retardaient les paiements à leurs fournisseurs, contre 28 % il y a un an.
Dimitri Pelckmans, Head of Risk Services BeLux chez Atradius : « L’augmentation des retards de paiement a un impact important sur la trésorerie des entreprises, les amenant à retarder des achats ou des projets d’investissement. Le risque existe que ce pic temporaire de factures impayées continue à être ressenti à long terme par les différents clients et fournisseurs de l’industrie des matériaux de construction. »
Les entreprises restent néanmoins positives : la croissance est au rendez-vous
Malgré la hausse des factures impayées, les entreprises restent positives. À l’horizon 2022, 86 % des entreprises des trois secteurs interrogés se disent optimistes quant à leurs perspectives de croissance. En fait, 70 % d’entre elles s’attendent à ce que les pratiques de paiement de leurs clients s’améliorent et beaucoup prévoient de proposer des crédits commerciaux l’année prochaine afin de stimuler la croissance grâce à la fidélité des clients.
Dans le secteur des matériaux de construction également, malgré le nombre croissant de factures en retard, les entreprises restent positives. 4 entreprises sur 5 s’attendent à voir leur activité croitre dans les mois à venir.
Ainsi, alors que les entreprises expriment des inquiétudes quant à la persistance d’une pandémie qui exercera une pression sur l’économie mondiale et nationale, la confiance des entreprises reste élevée.
Atradius : une hausse spectaculaire des faillites est attendue d’ici 2022
Les chances que le nombre de factures payées en retard diminue à court terme sont minces. En effet, les experts d’Atradius s’attendent à une augmentation de 33% des faillites dans le monde d’ici 2022, ce qui aura également un impact sur les délais de paiement et les factures impayées en Belgique. En outre, de nombreuses entreprises ont bénéficié des modifications de la législation belge sur l’insolvabilité et des mesures d’aide fiscale au cours de l’année écoulée, ce qui a entraîné un nombre de faillites d’entreprises inférieur à la « normale ». Au fur et à mesure que ce soutien gouvernemental diminuera, les niveaux normaux de faillite augmenteront à nouveau, en plus de la faillite probable de toute entreprise qui a connu des difficultés l’année dernière et qui n’a survécu que grâce au soutien gouvernemental.
Dimitri Pelckmans, Head of Risk Services BeLux chez Atradius : » Le message clé est que les entreprises doivent être attentives à un risque accru d’insolvabilité, en particulier au cours du premier semestre 2022. Avec le nombre croissant de factures impayées et l’augmentation prévue des faillites en 2022, les entreprises belges doivent réfléchir attentivement à la question de savoir si leurs finances sont exposées à des risques majeurs venant de l’extérieur. »
Source: Atradius