Si le mouvement de globalisation a perdu en intensité sur les marchés financiers au cours des dix dernières années, il a en revanche gagné en stabilité. Telle est la principale conclusion de la dernière étude du McKinsey Global Institute : « The new Dynamics of Financial Globalization ».
Les auteurs du rapport décrivent l’imbrication étroite des marchés financiers au niveau mondial et les changements intervenus à ce niveau depuis la crise. Les technologies numériques pourraient devenir un moteur de dynamisation de nouveaux canaux pour les flux de capitaux mondiaux.
L’accent n’est plus mis sur les marchés étrangers
Dans le sillage de la crise financière, une correction importante est intervenue sur les marchés financiers.
Alors qu’avant la crise, les banques actives au niveau international étaient souvent encore très focalisées sur les marchés étrangers, nous constatons dix ans plus tard que le mouvement s’est inversé. Par rapport à 2007, les flux de capitaux transfrontaliers ont diminué de 65 %. Les banques dans mais aussi hors de la zone euro se concentrent en effet à nouveau sur le marché national.
D’autres pays, comme le Canada, la Chine et le Japon, s’efforcent d’aller à contre-courant mais sans arriver à contrecarrer la nouvelle tendance décrite par les auteurs.
Comment le phénomène s’est-il inversé ?
Le constat que les banques opérant au niveau international réduisent leurs activités sur les marchés étrangers s’explique par différents facteurs :
- Les banques ont tiré les leçons des pertes subies durant la crise. Afin d’assainir leur bilan, elles ont décidé de vendre davantage d’actifs étrangers.
- Compte tenu de la nouvelle réglementation internationale et nationale imposée aux banques depuis la crise (ex. relèvement des exigences en matière de capitaux et de liquidités), les banques reconsidèrent leur bilan et renoncent aux opérations étrangères.
Le glas de la globalisation financière n’a toutefois pas sonné
Pouvons-nous en déduire que la globalisation financière est en déclin ? Les auteurs de l’étude affirment que non. Les marchés financiers au niveau mondial restent encore étroitement imbriqués. Les chiffres sur lesquels s’appuie l’étude en fournisse une première preuve : ainsi, 27 % de l’ensemble des actions au niveau mondial et 31 % de l’ensemble des obligations sont en des mains étrangères.
La globalisation financière s’étend même à un plus grand nombre de pays et d’acteurs. Désormais, même des pays comme la Chine recherche des liens plus étroits avec le reste du monde, comme l’indique le dernier MGI Financial Connectedness Ranking.
Ce classement effectue une comparaison de la quantité d’actifs qu’un pays possède à l’étranger et du volume de ses investissements et prêts en provenance de l’étranger. Cette comparaison établit dans quelle mesure un pays est financièrement interconnecté avec l’étranger.
Dans le MGI Ranking la Belgique occupe la 16e place, mais son caractère international ressort également au niveau du secteur financier belge lui-même. Un indicateur : 80 % des banques actives dans notre pays ont leur siège central à l’étranger.
Plus de stabilité …
En matière de globalisation financière, la messe est donc loin d’être dite. Après la crise financière, cette globalisation a pris une autre tournure. Les auteurs constatent en effet que les flux de capitaux et les interconnexions au niveau mondial évoluent vers un système plus stable. Pour illustrer ce propos, ils évoquent notamment des initiatives réglementaires, comme Bâle IV, suite auxquelles :
- les grandes institutions financières doivent prévoir une réserve de fonds propres supplémentaire;
- les institutions sont régulièrement soumises à des tests de résistance.
… mais aussi des risques
Cependant, la globalisation financière nouvelle mouture s’accompagnera d’un certain nombre de risques. Les auteurs de l’étude soulignent ce que l’on sait depuis longtemps : un système où tous les éléments sont étroitement interconnectés présente le risque qu’une perte de confiance dans un marché donné se propagent aux autres marchés par un effet domino.
Ils mettent aussi en avant une série de nouveaux défis qui s’accompagnent à la fois d’opportunités et de risques. Les technologies numériques, comme la blockchain, peuvent en effet induire un nouveau type de globalisation dans le sens où les transactions financières transfrontalières peuvent par exemple s’effectuer plus rapidement et à meilleur coût.
Conseil clair aux régulateurs et aux banques
Nul ne sait avec certitude, même le McKinsey Global Institute, combien de temps durera la frilosité par rapport au financement global. Selon les auteurs de l’étude, la situation devrait toutefois perdurer un certain temps encore.
Le message à l’adresse des régulateurs comme des banques est de veiller à suivre l’évolution. Les banques doivent tirer le meilleur parti des défis liés à la numérisation. De quelle manière ? Par exemple en adaptant leurs modèles d’entreprise traditionnels, en devenant des acteurs numériques. Les auteurs de l’étude sont bien conscients de la difficulté de la tâche surtout pour les banques opérant sur différents marchés.
Les régulateurs doivent mettre à disposition des pays de nouveaux outils et règles de gestion leur permettant de faire face à des flux de capitaux en constante évolution. Le conseil leur est aussi donné d’améliorer encore la surveillance et la gestion des risques. Ils doivent être particulièrement vigilants à l’égard des risques induits par les nouvelles technologies, parmi lesquels les pratiques de blanchiment et le financement du terrorisme.
En savoir plus ? Vous pouvez consulter l’intégralité de l’étude ici.
Source: Febelfin