L’étude européenne d’Intrum menée dans 29 pays montre que l’État belge compte parmi les plus mauvais pays pour ce qui est du règlement des factures impayées aux entreprises opérant sur leur territoire national :
- Le slogan “Créons des emplois, des emplois, des emplois” devrait se compléter de la formule “en montrant l’exemple”: un État qui n’honore pas ses propres factures bloque les investissements en personnel et la croissance
- Les entreprises en viennent à rencontrer des problèmes de trésorerie et ne sont plus elles-mêmes capables de payer leurs fournisseurs
- La Directive européenne sur les retards de paiement (ELPD, 2011) existante est inconnue de l’État et des entreprises
L’état belge dans le top 5 des plus mauvais payeurs Européens
En 2017, l’European Payment Report annuel d’Intrum fournit à nouveau une mine d’informations sur la manière dont les entreprises et organisations vivent le paiement des factures dans 29 pays européens. Organisée annuellement, cette étude a recueilli cette fois (entre février et avril 2017) une foule de renseignements auprès d’un nombre total record de 10.468 répondants, dont 669 entreprises belges.
Il en ressort que la Belgique enregistre un très mauvais score pour ce qui est des paiements de l’État à sa propre industrie. Avec la Grèce, l’Italie, le Portugal et l’Espagne, elle figure dans le top 5 des pays qui diffèrent le plus le paiement des entreprises qui travaillent pour eux.
Conséquence? Les entreprises belges respectent elles-mêmes plus difficilement leurs obligations (impôts, ONSS, TVA et accises, etc…) et perdent un avantage concurrentiel vis-à-vis de leurs collègues européens. L’effet de cascade aidant, les entreprises paient plus tard, demandent des reports et doivent aussi accepter de leurs clients des délais de paiement plus longs.
Les entreprises demandent de l’aide et des règles plus strictes
Les entreprises belges comptent parmi les plus sages d’Europe lorsqu’il est question du suivi des factures impayées. Cette réticence à se faire valoir les conduit p.ex. à accepter sans conditions des délais de paiement différés (67%), ou à ne presque jamais recourir à une tierce partie pour les aider avec leurs factures impayées (53%). C’est un des scores les plus élevés en Europe. Quiconque a une entreprise ou désire en lancer une doit avoir énormément de courage et de persévérance.
Et l’État joue à cet égard un rôle remarquable de frein sur la croissance. L’European Payment Report montre que beaucoup plus que d’autres, les entreprises belges souhaitent que l’État crée un meilleur cadre pour stimuler l’esprit d’entreprise. Mais l’État doit alors donner le bon exemple et ne pas être lui-même un mauvais payeur (voir plus haut). En matière de pression fiscale (56%), de lois et règlementation (41%) et d’attitude générale vis-à-vis des entreprises et de l’esprit d’entreprise (35%), l’État enregistre en effet aussi un score très moyen et 669 entreprises indiquent que des mesures radicales s’avèrent nécessaires.
Un tiers des entreprises belges (36%) ayant participé à l’étude appellent une nouvelle règlementation de leurs vœux et 17% réclament un plan d’action spécifique. Environ 2/3 de ces entreprises (60%) cherchent une assistance concernant les règles nationales en matière de factures impayées.
Guy Colpaert, CEO d’Intrum S.A. (Belgique): “Je vois surtout dans ces résultats qu’il reste beaucoup à faire pour ce qui est de réduire le nombre de factures impayées. La vie est dure pour tout le monde mais l’État devrait quand même faire un effort pour soutenir ses propres entreprises. Cela générerait plus de ressources et d’oxygène pour notre économie, restaurerait la confiance et créerait dès lors aussi des emplois supplémentaires. Il est également urgent de s’attacher à la moralité en matière de paiements. Il faut que les factures puissent être honorées dans les délais de paiement existants. Cela pourrait être si simple. Ensemble, avec toutes les parties concernées, œuvrons donc dans ce sens.”
Source: Intrum.be