Selon les résultats officiels, les Britanniques ont voté majoritairement pour une sortie de l’Union européenne (48,1% pour le maintien – 51,9% pour la sortie ; le taux de participation étant de 72,2%). Essayons de comprendre les principales implications de ce vote.
Que va-t-il se passer dans les prochains jours ?
Rappelons d’abord que même si la sortie est inéluctable à terme, le Royaume-Uni (R-U) ne quitte pas l’UE dès aujourd’hui. Le parlement britannique devra d’abord valider le résultat et invoquer l’article 50 du traité de Lisbonne pour lancer la procédure de sortie. Une période de 2 ans de négociations s’ouvrira alors, durant laquelle les modalités de la sortie de l’UE seront négociées. Cette période sera néanmoins marquée par une grande incertitude tant économique que politique et par des anticipations de marché sans doute pessimistes quant à ce que sera « l’après Brexit ».
Compte tenu de ces incertitudes et anticipations, la première réaction des marchés a été très violente : le GBP s’est fortement déprécié par rapport au dollar et dans une moindre mesure face à l’euro. La monnaie européenne a donc aussi perdu du terrain face au dollar, ce qui signifie que les marchés considèrent que le résultat est une mauvaise nouvelle tant pour le R-U que pour la zone euro. On observe par ailleurs une extrême volatilité sur la plupart des marchés financiers. Des devises comme le yen ou le franc suisse ont au contraire bondi, de même que l’or. Il est donc clair qu’on est face à un événement provoquant une fuite vers les actifs dits « refuges ».
Face à ces turbulences, les banques centrales devraient tout d’abord tenter de calmer les marchés par des déclarations rassurantes et des mesures visant à assurer la liquidité des marchés. Une réunion d’urgence de la Bank of England pourrait par ailleurs se conclure par une baisse du taux directeur de la BoE de 0.25%, afin de donner un signal positif à l’économie britannique.
Et dans les prochains mois ?
Mais bien entendu, ces interventions d’urgence ne permettront pas d’éliminer l’impact négatif d’un Brexit sur l’économie. Il faut donc s’attendre à une perte de croissance au R-U. Rappelons que 75% des entreprises britanniques étaient pour un maintien dans l’UE : le moral des entrepreneurs risque donc de plonger. Seule la chute du GBP pourrait atténuer l’impact direct pour l’économie britannique, compte tenu du gain de compétitivité qui en résulte.
L’économie de la zone euro ne sera pas épargnée : une plus faible croissance (et donc une plus faible demande de produits européens) au R-U et la dépréciation du GBP ne sont pas de bonnes nouvelles pour les pays de la zone euro les plus exposés au R-U : l’Irlande, les Pays-Bas et la Belgique. Dans le cas de la Belgique, rappelons ici que 60.000 emplois sont directement liés à la demande du R-U, et que l’impact cumulé négatif d’un Brexit est évalué à 0,5% du PIB dans les deux prochaines années.
Ceci étant dit, la dimension politique du Brexit est prédominante, en ce compris pour déterminer l’ampleur de l’impact économique du Brexit. Tout d’abord, D. Cameron a d’ores et déjà annoncé sa démission dans les prochains mois, ce qui peut donner lieu à une difficile période de transition. Ensuite, la question de savoir si la sortie de l’UE peut se faire de manière coopérative (entre le R-U et l’UE) est très importante pour évaluer l’impact économique. Enfin, n’oublions pas que de nombreux pays européens font face à des échéances électorales importantes dans les prochains mois et que ce résultat pourrait donner des ailes aux eurosceptiques. Dès lors, l’impact économique négatif du résultat du referendum britannique pourrait être amplifié par sa dimension politique.
Quel impact à long terme ?
Les deux prochaines années seront caractérisées par de l’incertitude au sujet de l’accord qui interviendra in fine entre le R-U et l’UE pour gérer les relations entre les deux entités. Mais il apparaît assez clair qu’à terme, les liens économiques et financiers entre le R-U et l’UE seront moins étroits, ce qui devrait aussi avoir un impact négatif sur la croissance à long terme de la zone euro.
Source: ING.be