La suppression du woonbonus crée un surcroît d’incertitude dans un secteur sensible, comme le montre une étude de l’assureur-crédit Atradius
À l’entame du congé du bâtiment, l’assureur-crédit Atradius a pour habitude de prendre le pouls du secteur de la construction belge. Qu’en ressort-il ? Il s’avère que les perspectives du secteur du bâtiment pour 2020 ne sont pas roses. Alors que les faillites avaient déjà augmenté de 8% en 2019, ce nombre devrait encore augmenter cette année. Alors qu’au niveau mondial, le secteur souffre de marges bénéficiaires serrées, d’une baisse de la demande et d’une concurrence exacerbée ; la Belgique ajoute sa dose d’incertitudes à ce tableau. « Par exemple, il est encore difficile de savoir comment le marché immobilier réagira à la suppression et au remplacement du bonus logement. Cela va engendrer beaucoup de doutes dans le secteur de la construction en 2020. » indique Christophe Cherry, Managing Director d’Atradius Belgique. « Il faut ajouter à cela la très vive concurrence qui marque un secteur déjà lourdement frappé par la crise du coronavirus. »
Une augmentation continue des faillites en 2020
De janvier à novembre 2019, le nombre de faillites dans le secteur de la construction a augmenté de plus de 8% par rapport à l’année précédente. Le bâtiment fait ainsi moins bien que d’autres secteurs (8% contre 2%). On s’attend à ce que les faillites dans le secteur de la construction augmentent encore en 2020. Pendant le confinement, l’activité liée à la construction et aux matériaux de construction a reculé de 30%. Cela s’est surtout traduit par un chiffre d’affaires en berne dans le secteur du bricolage et par des retards pris sur la plupart des projets. En 2020 également, les performances du secteur subiront l’incidence d’un recul économique persistant, d’une pression accrue sur les marges, de perturbations des chaînes d’approvisionnement et d’une baisse d’efficacité – en raison notamment de la règle de distanciation sociale au travail.
« De plus, les perspectives économiques restent sombres, avec une contraction prévue du PIB de 8,9 % en 2020 et – dans le meilleur des cas – une croissance de 7,7 % en 2021. D’une façon générale, le secteur de la construction suit les grands cycles économiques avec un léger décalage », précise Christophe Cherry, Managing Director d’Atradius Belgique. « Si les marges bénéficiaires et la demande sont relativement stables, on observe de plus en plus de défauts de paiement dans le secteur, alors que celui-ci connaît déjà des délais de paiement très longs, le ’60 jours fin de mois’ étant très fréquent. »
Influence de la suppression du woonbonus
La construction résidentielle est stimulée par des taux d’intérêt bas et une demande importante d’habitations éco-énergétiques. Néanmoins, il subsiste une grande incertitude quant à l’impact de la suppression progressive du woonbonus en Région flamande. Le woonbonus avait été conçu comme un système d’exonération fiscale sur les prêts hypothécaires destiné à inciter les ménages à acquérir leur propre logement. Alors que le gouvernement flamand a supprimé ce bonus depuis janvier 2020, l’effet de cette décision sur l’évolution des taux d’intérêt au cours des prochains mois et des prochaines années n’est pas clair.
« Le woonbonus est remplacé par une diminution des droits d’enregistrement sur l’achat d’une habitation de 7% à 6% et de 6% à 5% en cas de rénovation énergétique conséquente », explique Christophe Cherry, Managing Director d’Atradius Belgique. « La réaction du marché de l’immobilier à la suppression et au remplacement du woonbonus reste flou cependant. C’est un réel facteur d’incertitude pour le secteur de la construction en 2020. »
Pression accrue en raison de la concurrence entre acteurs
Malgré un manque de confiance et une croissance très modeste du PIB (produit intérieur brut) de 1,4 % en 2019, le secteur de la construction n’a pas démérité en termes de volume, avec une augmentation de la valeur ajoutée de plus de 2%. Malgré ce volume d’activité important en 2019, les marges des entreprises de construction sont restées très faibles.
« La principale raison est à chercher dans la très vive concurrence que se livrent les entreprises de construction, notamment dans le segment des appels d’offres publics », estime Christophe Cherry, Managing Director d’Atradius Belgique. « Cela affaiblit d’autant plus le pouvoir de négociation des sous-traitants, surtout ceux de petite taille, ainsi que des fournisseurs. L’année 2020 ne semble pas présager une amélioration. Les coûts élevés de la main-d’œuvre restent un problème ; de même, le manque de personnel qualifié empêche souvent les entreprises de construction de fournir de gros volumes. »
Le secteur de la construction connait des difficultés dans le monde entier
Dans un climat économique incertain, les perspectives du secteur international de la construction se sont détériorées. Les entreprises de construction opèrent à l’échelle mondiale dans un secteur compétitif, à faibles marges bénéficiaires, et avec un taux de faillites supérieur à la moyenne. Même sans la crise liée au coronavirus, le secteur aurait quand même connu une année rude dans certains pays.
« À cela s’ajoute le fait que le financement bancaire du secteur du bâtiment, que ce soit en Belgique ou à l’étranger, reste un problème persistant, » indique Christophe Cherry, Managing Director d’Atradius Belgique. « Les banques sont en effet de moins en moins disposées à octroyer du crédit à un secteur dont l’endettement est déjà très élevé. Cela crée un problème majeur pour des secteurs largement dépendants du financement bancaire comme celui de la construction. »
Source: Credit Expo