La législation et la réglementation sur le recouvrement en Europe connaît de grandes disparités d’un État à l’autre, même quand on parle la même langue. Mais il existe deux constantes : les sommes dues doivent être payées et l’assistance d’un bureau de recouvrement peut s’avérer nécessaire.
Entretien avec Frederic Huls, chef d’établissement chez Flanderijn Incasso NV à Anvers, sur le recouvrement en Belgique.
Parlez-nous de votre parcours.
Frederic : « J’ai étudié les Sciences Économiques Appliquées à l’Université d’Hasselt, et j’ai obtenu mon master en Innovation et Entrepreneuriat. J’ai commencé comme management consultant chez Accenture, où j’ai participé à différents projets. Ensuite, j’ai rejoint une société de consultance stratégique (ViCRe), où j’ai accompagné des entreprises à des postes de cadre moyen et supérieur pour atteindre un niveau de CEO. Les nombreux voyages ont commencé à me lasser et je me suis mis à la recherche d’un emploi plus local pour atterrir finalement chez Flanderijn. J’ai débuté chez Flanderijn en 2011 comme account manager. Depuis 2014, je suis responsable en tant que chef d’établissement de la vente et des activités opérationnelles de Flanderijn en Belgique. »
Pouvez-vous brosser un tableau des activités de Flanderijn en Belgique ?
Frederic : « Flanderijn Incasso NV est une filiale de la société de recouvrement et des huissiers de justice Flanderijn Incasso qu’on ne doit plus citer. Depuis notre création en 2011, nous servons quelque 400 clients en Belgique. Nous sommes actifs aussi bien sur le marché des entreprises (B2B) que sur le marché de la consommation (B2C). Notre spécialisation est le traitement de masse. Notre système de logiciel unique nous permet de traiter des nombres très élevés de dossiers (10 000+) de manière uniforme et structurée. C’est l’une des raisons pour lesquelles nous pouvons négocier avec de grosses sociétés. Un deuxième élément important est que nous pouvons apporter des facilités à des organisations du Benelux, parce que Flanderijn y est également très active. »
Pouvez-vous brosser un tableau du paysage du recouvrement belge et expliquer dans quelle mesure il diffère de celui des Pays-Bas ?
Frederic : « Le paysage du recouvrement belge est très différent des pratiques aux Pays-Bas. Les entreprises néerlandaises appliquent davantage les principes du recouvrement que les entreprises belges. En général, les petites et moyennes entreprises en Belgique collaborent moins avec des bureaux de recouvrement qu’avec des avocats et des huissiers de justice. Ces entreprises ont encore trop peu conscience des services réels d’un bureau de recouvrement et des avantages qu’elles peuvent en tirer. Les médias jouent un rôle important à cet égard. La perception du recouvrement est relativement négative en Belgique (à tort) et parfois encore associée à des grosses brutes qui se présentent chez vous. Cependant, cette image ne correspond absolument pas à la réalité. Nombre de nos clients sont actifs en B2B et attendent une attitude professionnelle et correcte de notre part. Il arrive régulièrement que nous organisions une rencontre entre le débiteur (le client) et le donneur d’ordre pour parvenir à une solution. Les visites à domicile ont lieu à la demande du donneur d’ordre, mais c’est plutôt l’exception que la règle. Lorsque Flanderijn a démarré ses activités en Belgique en 2011, l’organisation expérimentée et structurée que nous avions derrière nous constituait un avantage important. Flanderijn exerce ses activités depuis 1948. Entre-temps, nous avons appris les ficelles du métier. Nous avons mis en place l’expérience et les connaissances néerlandaises en Belgique et cela a certainement contribué positivement aux résultats. »
Combien de temps une procédure de recouvrement prend-elle en moyenne en Belgique ? Comment ça marche ?
Frederic : « Beaucoup de nos clients (les plus gros) ont une gestion de crédit ou une équipe de recouvrement propre pour assurer le suivi des factures impayées en Belgique et au Luxembourg. Prenons un exemple. Pour une facture dont le délai de paiement est de 30 jours, notre client (le donneur d’ordre) envoie deux à trois rappels avant que nous n’entrions en scène. La période qui s’écoule entre les rappels s’élève en moyenne à 15 jours environ. Cela signifie que si nous lançons une créance, celle-ci a entre 60 et 90 jours (à compter de la date de la facture). La sommation est en principe envoyée le jour même de la réception d’un dossier du donneur d’ordre (numérique). En B2B, il faut tenir compte d’un délai de procédure de 1,5 à maximum 2 mois en moyenne. De nombreux dossiers sont clôturés dans les 15 jours, d’une part parce que beaucoup de clients paient effectivement leur dette et d’autre part parce qu’ils craignent qu’une société de recouvrement externe les mette en demeure. Les dossiers qui font débat peuvent durer un peu plus longtemps, généralement entre 30 et 45 jours. Nous renvoyons les dossiers que nous ne pouvons pas résoudre à l’amiable (45 – 60 jours) chez un huissier. En Belgique, nous travaillons avec des partenariats stratégiques pour les avocats et les huissiers, afin de pouvoir lancer des procédures judiciaires également. Flanderijn se charge aussi du suivi chez l’huissier et/ou l’avocat au nom du donneur d’ordre. C’est confortable pour le client parce qu’il ne doit se concerter qu’avec un seul partenaire pour toutes les phases de la procédure de recouvrement. »
Quels sont les principaux aspects d’un recouvrement B2C en Belgique ?
Frederic : « Le marché particulier est soumis à bien plus de règles que le marché commercial. Par ailleurs, les consommateurs sont protégés par la loi relative à la protection de la vie privée notamment. Si nous envoyons un courrier à un débiteur particulier, ce dernier dispose de 15 jours pour réagir avant que nous ne prenions une mesure suivante (lettre, téléphone). La loi belge a fixé officiellement un délai dans lequel le débiteur doit satisfaire aux demandes formulées dans le courrier. Nous respectons cette règle bien entendu. Un autre aspect important est que le travail avec des conditions générales est lié à des conditions spécifiques pour les particuliers. Selon le législateur belge, un particulier n’est pas censé savoir que des conditions générales sont applicables s’il achète un produit ou conclut un contrat. Mais cette donnée est censée être connue sur les marchés des entreprises. Enfin, il importe que les frais de recouvrement et les intérêts soient raisonnables. Cela veut dire que les frais doivent être proportionnels au principal, faute de quoi un juge rejettera la demande comme état non raisonnable. La question du caractère raisonnable peut bien entendu être discutée, mais la plupart des grandes entreprises appliquent la règle selon laquelle 15 pour cent du principal est demandé à titre d’indemnité avec un montant minimum qui est proportionnel à la moyenne du principal. »
Comment évolue le secteur du recouvrement belge ?
Frederic : « L’évolution est positive. Presque toutes les grandes organisations en Belgique collaborent actuellement avec une société de recouvrement. Nous constatons que l’économie se redresse en Belgique et cela a une influence positive sur l’évolution du marché du recouvrement. Les gens croient souvent que nous gagnons beaucoup d’argent lorsque la conjoncture est mauvaise. La réalité, c’est que nous devons régulièrement traiter des dossiers difficilement recouvrables lorsque la conjoncture est mauvaise. Les gens n’ont effectivement pas d’argent pour payer leur dette. En période de conjoncture économique favorable, la qualité des créances est en principe meilleure. Nous rencontrons actuellement moins de faillites, de réorganisations judiciaires ou de parties adverses insolvables, et la possibilité d’une procédure de recouvrement réussie augmente tandis que le nombre de débits chez nos donneurs d’ordre diminue. »
Quels frais une procédure de recouvrement implique-t-elle ?
Frederic : « En Belgique, il n’existe pas de réglementation sur le recouvrement extrajudiciaire, telle que nous la connaissons aux Pays-Bas (WIK). Cela signifie que nous devons toujours conclure des accords de fixation de prix avec nos clients en Belgique concernant le remboursement effectif. Il y a bien une loi sur les transactions commerciales (2002) qui prévoit que quand deux entreprises passent mutuellement des accords de livraison et de fixation de prix et que la partie qui doit payer ne respecte pas ses obligations de paiement, des indemnités et des intérêts peuvent être réclamés à cet égard. »
Quelques conseils pour les lecteurs qui vendent à crédit en Belgique ?
Frederic : « Tout d’abord, il est important de faire bien attention à la qualité de crédit de votre partenaire commercial belge. Diverses institutions belges peuvent vous fournir des informations de commerce et de crédit fiables. Deuxièmement, passez des accords concrets sur les délais de paiement. Troisièmement, faites rédiger vos conditions générales par un spécialiste, afin d’être couvert juridiquement en cas de problème entre le client et vous-même. Enfin, ne négligez pas les aspects culturels. Les Belges sont généralement un tantinet plus attentistes, alors que les Néerlandais sont souvent un peu (trop) directs. Soyez discret et essayez de ne pas faire preuve de trop d’enthousiasme d’emblée dans une nouvelle relation. »
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Profil Flanderijn Incasso NV
- Lancement en 2011
- Plus de 400 clients
- Système de logiciel avancé et développé en interne
- Spécialisé dans le traitement de masse
- 60 % B2B, 40 % B2C
Bron: www.creditexpo.nl