Pour 2022, Atradius attend une croissance ralentie du PIB de 2,9 %.
Après que la crise du Covid eût paralysé une première fois l’économie mondiale en 2020, celle-ci est de nouveau mise à mal par des goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement et la flambée des prix de l’énergie. « Tous les paramètres économiques sont dans le rouge, » voilà le verdict de Dimitri Pelckmans, Head of Risk Services du fournisseur d’assurances-crédit Atradius, sur base de l’Economic Outlook, une étude que la société vient de rendre publique. Mais il envisage une possibilité – surprenante – de rétablissement grâce aux prix élevés de l’énergie.
En Belgique, ces problèmes liés à la chaîne d’approvisionnement ont fait grimper l’inflation à 7,1%. Cette année, elle entraînera une réduction de la croissance du PIB. Celle-ci ne dépassera sans doute pas 2,9 % pour 2022. Mais en comparaison avec quelques autres pays européens – principalement ceux qui dépendent davantage du tourisme – la Belgique réalise de bons chiffres ; pendant le 3e trimestre 2021, notre pays a même retrouvé les niveaux de production pré- pandémie. « Malgré cela, tous les paramètres économiques sont dans le rouge : les lignes logistiques sont bloquées et les matières premières sont indisponibles. Si cette surenchère de consommation n’est pas freinée de toute urgence, nous allons droit à la catastrophe. De ce point de vue, la flambée des prix de l’énergie pourrait bien entraîner un ralentissement bienvenu. »
Forte progression du PIB dans le monde, croissance plus lente en Belgique
Malgré la demande croissante en 2022 et 2023, on s’attend à une croissance plus lente du BIP. Pour la Belgique, Atradius s’attend à ce que la croissance du PIB soit limitée à 2,9 % en 2022 et 1,4 % en 2023, en comparaison avec les 6,2 % en 2021. La cause en est que le commerce mondial continue à être entravé par la crise du Covid. Bien que le commerce mondial se rétablisse actuellement de son recul de 2020, il est confronté désormais à de nouveaux défis et conséquences, comme des goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement et la hausse des prix de l’énergie. La reprise est en effet entravée par les problèmes de transport et les fermetures d’usines en Asie, tandis que la pandémie a provoqué un certain nombre de goulots dans la chaîne d’approvisionnement. Ceux-ci engendrent des retards de livraison des matières premières et des produits finis, un épuisement des stocks et une augmentation des frais de transport. Tous ces facteurs font monter les prix tandis que les limitations de production de l’OPEP et les pénuries de gaz font flamber les prix des carburants.
« Dans la plus grande partie du monde, nous observons actuellement une forte croissance du PIB, » relève Dimitri Pelckmans d’Atradius. « Il s’agit probablement d’un sursaut bien plus que d’une tendance. Deux facteurs majeurs déterminent la situation actuelle incontestablement moins favorable : la pandémie et ses conséquences sur l’économie mondiale. Nous n’en sommes pas encore sortis. Les lignes logistiques sont bloquées, les matières premières ne sont plus disponibles et les prix de l’énergie s’envolent. Si la situation ne se calme pas rapidement, nous risquons la catastrophe. »
« La pression de l’inflation va diminuer au cours des deux prochaines années. »
Maintenant que de nouveaux variants plus contagieux du Covid-19 font grimper les chiffres des infections à des niveaux record, les conséquences de la pandémie deviennent clairement visibles : nouvelles fermetures qui réduisent le trafic, restaurants et magasins fermés, moins de voyages, toujours des bureaux en manque d’effectifs et des centres-villes désertés. Malgré la demande importante de produits, les problèmes d’approvisionnement ont vidé les entrepôts des usines et font flamber l’inflation. Dans la zone euro, l’inflation a atteint 2,5 % et restera proche de ce niveau en 2022, à savoir 2,3 %. En Belgique, on a même enregistré une inflation de 7,1 %, le chiffre le plus élevé depuis les années 1990. Elle pourra tempérer la surenchère de consommation en 2022 et 2023, ce qui pourrait entraîner un ralentissement de la croissance et une augmentation du nombre de faillites.
« A l’heure actuelle, nous sommes d’avis que le niveau actuel de l’inflation est temporaire et ne va pas durer, » estime Dimitri Pecklmans. « Bien que ce pic d’inflation érode le pouvoir d’achat, la majorité des consommateurs ont constitué des économies qui doivent compenser l’inflation. La disparition des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement va soulager également l’inflation, de sorte qu’elle disparaîtra en grande partie au cours des deux prochaines années. La phase actuelle reflète surtout une situation anormale. Les perspectives d’inflation restent relativement positives. On remarque que cette inflation importante oblige graduellement les banques centrales à restreindre les flux monétaires, mais davantage aux États-Unis que dans la zone euro. »
« L’augmentation des prix de l’énergie pourrait nous sauver. »
Les prévisions d’une reprise prolongée dépendent cependant de nombreuses hypothèses et de beaucoup d’incertitudes. L’évolution de la pandémie pendant ces deux années a suscité beaucoup d’incertitudes, qui n’ont toujours pas disparu. Dimitri Pelckmans estime que le plus grand danger pour l’économie actuelle est la surenchère de consommation.
« De ce point de vue, les prix élevés de l’énergie pourraient bien être salutaires. Depuis la flambée des prix de l’énergie, nous remarquons que les prix des transports sont en baisse et que ceux des produits se stabilisent. Cette montée des prix de l’énergie pourrait calmer la surenchère de consommation et nous éviter ainsi la perspective d’une catastrophe mondiale. »
Source: Atradius